vendredi 4 octobre 2019

Dis monsieur, comment on fait un wheeling

Aujourd'hui, je me suis dit que j'allais faire un petit article "technique" un peu différent. J'avais écrit ce petit tutorial il y a longtemps, et il y a quelques jours, quelqu'un sur ma vidéo du Tilt m'a demandé si  je pouvais faire un wheeling avec. Du coup, je l'ai remise un peu au goût du jour,  et voila.

Tout d'abord, qu'est ce qu'un wheeling? A la différence du cabrage, qui consiste à lever la roue avant ponctuellement pour monter, franchir ou descendre d'un obstacle, le wheeling consiste lui à lever la roue avant, trouver le point d'équilibre du vélo, et y rester........... un certain temps, voir un temps certain.
Étant adepte de cette pratique depuis un certain temps,  (une fois que vous maitriserez le wheeling, vous verrez que la grande majorité des vélos tient très très bien sur une roue :) ), je propose de vous en apprendre un peu plus.

Tout d'abord, à quoi NE SERT PAS le wheeling ?
Clairement, il ne sert pas à frimer. Enfin si, en général, ça amuse les enfants de moins de 10 ans, au delà, ils ont tendance à vous ignorer, et si vous pensiez épater la gente féminine en passant devant le collège/lycée/école d'infirmière, autant vous prévenir tout de suite, c'est râpé d'avance. Au pire, vous passerez pour un âne, au mieux, vous serez superbement ignoré.

Donc, à quoi ça sert? Et bien franchement, dans une utilisation normale du vélo, pas à grand chose. Ça peut permettre de franchir des flaques d'eau, ça aide pour descendre un obstacle, ça permet de faire des concours avec les copains, ça peut permettre de rentrer chez soit quand on a crevé de l'avant , et surtout, ça permet d'apprendre à sentir et connaitre son vélo.
Si vous êtes capable de tenir votre vélo sur une roue, de trouver son point d'équilibre, et de le garder, cela peut vous être vraiment utile. Enfin, et ça, c'est surtout un ressentit personnel, c'est agréable, tout simplement.
Le vélo en équilibre sur une roue, on se sent léger, la guidon ne vibre plus, si en plus vous êtes en tout suspendu, on ressent moins les aspérités et petites irrégularité du chemin. Bref, j'aime bien faire des wheelings :) (hastag comingout).

Avant de commencer les explications techniques, un peu de physique, qui vous aidera à comprendre pourquoi des fois ça tient, et des fois ça ne tient pas.

En simplifiant beaucoup, votre vélo avec vous dessus est un triangle défini par 3 sommets, les 2 roues et votre tête. Quelque part entre ces 3 points se trouve se trouve le centre de gravité. Lors que le CDG est en avant du point défini par l'axe de roue arrière, le vélo tombe vers l'avant. Lorsqu'il se trouve en arrière, le vélo tombe en arrière. Et quand on arrive à positionner le CDG au dessus de l'axe de roue arrière, le vélo tient tout seul (ou presque). On le voit bien sur le joli schéma ci dessous (oui, je sais, je ne suis pas dessinateur).



En 2 mots, si le CGD est en avant de l'axe de roue arrière, il faut pédaler plus fort, s'il est en arrière, il faut effleurer (ou écraser, ça dépend de ce qu'on défini par "en arrière") le frein arrière, ce qui permettra à la roue avant de redescendre sur terre du bon coté.

Cette image de triangle est pratique, on comprend rapidement que si l'avant du vélo est lourd (par exemple un vtt de descente avec une monster T), il sera plus compliqué de le tenir en équilibre que si l'on transporte sa collection d'enclume sur le porte bagage de son vélo hollandais. En fait, plus le centre de gravité est vers l'avant, plus il est compliqué de lever (et tenir) le vélo, car il faut être plus proche de la verticale.


On en arrive au vélo idéal pour apprendre. Le vélo que je trouve le plus facile à lever et tenir est un petit vélo 20 pouces, (vélo pliant, pas un vtt enfant). Empattement court, CDG vers l'arrière et position droite du pilote font que le point d'équilibre se trouve rapidement, avec la roue relativement basse (15/20 cm du sol). Sinon, un cadre de vtt à votre taille, relativement court, avec la tige de selle à la bonne hauteur sera parfait.
Voici quelques exemples de vélos classés par ordre de difficulté croissante :

Trivialfacile
compliquéquasi impossible





















Une fois le vélo choisi, il faut le régler.
La selle doit être à la bonne hauteur, ni trop haute (dangereux si on se retourne), ni trop basse (trop basse, et le CDG se trouve abaissé, donc il faudra lever le vélo plus haut pour tenir).
Le frein arrière est très important. C'est l'unique sécurité qui vous permettra de redescendre sur terre si ça se passe mal. On peut faire des wheeling avec n'importe quel frein, du moment qu'il est efficace et progressif.
Efficace : Il faut que quand on appuie sur le levier, il freine correctement. Pour réussir un wheeling, un bon vieux cantilever bien réglé marchera aussi bien pour l'exercice qu'un disque 12 pistons... sur le sec
Progressif : l'idéal est un frein qui "attaque" à mi course du levier, et qui bloque sur la fin de course. S'il ne bloque pas en fin de course, vous risquez de vous retourner. S'il bloque immédiatement, dès que vous toucherez au levier, le vélo retombera violemment, et vos poignets et le jeux de direction du vélo ne vont pas aimer.
Il faut également régler le levier pour pouvoir garder seulement 2 doigts dessus (les 3 autres tiennent le guidon).
Il est aussi bon d'avoir une transmission en bon état, si la chaine saute au moment où vous donnez l'impulsion, ça risque de vous surprendre.

Enfin, assurez vous que la roue avant tourne librement le plus longtemps possible. Vous connaissez tous l'effet gyroscopique, l'effet qui fait que même si vous n'êtes pas sur un vélo, il roule tout seul quand on lui donne de l'élan, l'effet qui permet simplement aux motos, vélos, cerceaux de tenir debout. Et bien, sur une roue en l'air, ça marche aussi. Si vous apprenez le wheeling et que votre roue avant tourne librement quand elle est en l'air, il sera beaucoup plus simple de tenir l'équilibre latéral que si elle est arrêtée.

Le pilote doit aussi être équipé. Personnellement (mais n'y voyez aucune obligation), je recommande le casque, des gants long, un pantalon long, et des chaussures pour pédales plates (simplement parce que déclipser en catastrophe quand le vélo se retourne risque de prendre la 1/2 seconde qui fera la différence entre arriver debout à coté du vélo ou à plat dos sous le vélo). On évitera de garder dans son sac à dos des outils, portables, appareils photos qui risque de faire des jolies marques dans votre colonne vertébrale en cas de plat dos.

Reste maintenant à trouver un terrain d'entrainement. Idéalement, un terrain en très très légère pente, en herbe rase, avec de la bonne terre. L'herbe et la terre amortissent, et la légère pente évitera au vélo d'accélérer tout seul. Au début, on évitera évidemment de s'entrainer sur route, au milieu des piétons, le mieux est une zone déserte, comme un coin de forêt, un pré, un parc (autorisé au vélo), voir une piste d'athlétisme (c'est mou jusque ce qu'il faut).
Moins il y a de vent, mieux c'est (si vous êtes sur une roue avec un fort vent latéral, le vélo dévie, tout simplement).
Je recommande aussi un lieu désert ou peu fréquenté, ça vous évitera de subir les remarques, conseils inutiles voir moqueries si vous vous loupez (ça évitera aussi les "dis papa, il fait quoi le monsieur" "il fait le malin fiston, mais il est pas doué" :) ).



Ok, vous êtes prêt ? alors au boulot.

Donc vous êtes sur votre vélo, assis droit, bras tendu, sur une vitesse intermédiaire. Je préconise au début plateau du milieu et un pignon entre le 4e et le 7e (ceci dépend bien sur de la transmission du vélo, si vous êtes en single speed, vous êtes forcément sur la bonne vitesse). Si vous moulinez trop, le vélo va lever très facilement, mais vous allez tellement mouliner qu'il sera quasi impossible (en tout cas quand on apprend) de le tenir en équilibre.
Si vous êtes sur un gros développement, il vous faudra faire beaucoup d'efforts pour lever le vélo, et surtout atteindre une vitesse bien trop élevée pour apprendre en toute sécurité.
Donc, plateau milieu, pignon milieu. La selle est à la bonne hauteur, le frein arrière est bien réglé, vous avez votre casque, vos gant, pas de sac à dos (ou un sac qui n'est pas rempli de trucs agressifs), hop, en avant.

Commencez par rouler à vitesse réduite, je dirais autour de 10/15 kmh, vous devez vous sentir bien, ne pas forcer pour avancer, ne pas avoir la sensation qu'il faudrait passer la vitesse supérieure.
Mettez 2 doigts sur le frein arrière, quand votre pied fort est au point haut (pédale en haut), il faut EN MÊME TEMPS donner une impulsion vers l'arrière avec les épaules (en pliant très légèrement les bras pour se lancer), et accélérer d'un seul coup l'effort sur la pédale SANS à-coups. Si vous donnez un à-coup, ça fait un choc dans la chaine, la transmission, et les risques de casser la chaine sont réels.
Il ne faut SURTOUT PAS plier les bras une fois que le vélo lève.
C'est le réflexe numéro 1, pour lever le vélo, la plupart des gens vont plier les bras pour tirer, plutôt que de donner un mouvement d'épaule. En faisant ça, pas de soucis, ça lève, mais on déplace le CDG de l'ensemble vélo-pilote vers l'avant, et du coup, il faut lever beaucoup plus haut pour atteindre le point d'équilibre, et il sera très difficile à tenir.

Comme on le voit sur les 2 photos ci dessous, je suis au point d'équilibre sur les 2 photos, mais la, position bras pliés oblige à lever plus le vélo, et surtout laisse moins de latitude de position.




Si l'on est assis bien droit, bras tendu, on est "à l'aise" pour pédaler et tenir le vélo en équilibre, si on est bras pliés vautré sur le guidon, c'est inconfortable, inefficace et difficile à tenir.

Comme votre roue avant est bien équilibrée et réglée, elle continue de tourner maintenant que vous êtes sur la roue arrière. Il faut maintenant sentir quand vous arrivez au point d'équilibre. C'est assez simple, vous allez avoir l'impression que la vélo ne pèse plus rien pendant un instant, et si vous continuez de lever l'avant, il va commencer à basculer doucement vers l'arrière.
C'est là que les 2 doigts sur le frein arrière sont important. Si le vélo dépasse légèrement le point d'équilibre, effleurer le frein arrière lui permettra de revenir dans le droit chemin, s'il dépasse de beaucoup le point d'équilibre, freiner plus fort pour redescendre, si le vélo arrive trop proche de la verticale, n'hésitez pas, vous êtes le capitaine, abandonnez le navire. Vous n'allez pas très vite, vous êtes sur l'herbe, il suffit d'enlever les pieds des pédales, et hop, vous êtes debout derrière le vélo, en sécurité. Il est utile de rappeler ici que pour l'apprentissage, un vélo avec un frein arrière progressif sera plus pratique qu'un vélo avec un frein trop violent (en clair, un des quelques usages où un frein à disque à cable pourra aider plus que certains freins à disque hydrauliques).

Si le vélo retombe légèrement en avant du point d'équilibre, une pression sur les pédales lui permettra de remonter (d’où l'intérêt d'être sur une vitesse intermédiaire), s'il retombe trop, ne résistez pas, posez la roue avant aussi doucement que possible, et recommencez.

Vous l'aurez compris, le secret d'un wheeling réussi, c'est la capacité du pilote à "sentir" le point d'équilibre, et à s'y maintenir en jouant avec le frein arrière ou la force de pédalage.

Il faut surtout, une fois que la roue avant lève, continuer à pédaler à vitesse constante. Si on accélère trop, le vélo va se retourner. Si on ralenti le rythme de pédalage, à moins d'être exactement au point d'équilibre, le vélo va retomber, doucement, mais il va retomber.

Quand vous allez commencer à tenir sur des distances appréciables (disons plus de 25m), il est possible et même probable que la roue avant s'arrête de tourner, vous privant d'une aide appréciable pour maintenir l'équilibre latéral.

Alors que faire ??

Il ne faut jamais, au grand jamais (Monsieur Manatane, si tu me lis:) ), se mettre à paniquer en hurlant, ça ne sert à rien. Au contraire, il faut garder son rythme de pédalage, et en écartant doucement le genou du coté opposé de la prise d'angle du vélo, on peut le retenir et le remettre droit. Il est également possible en tirant en douceur sur le guidon du même coté, d'arriver à la redresser aussi, mais c'est un peu plus compliqué au début.
Le mieux, au début de l'apprentissage, lorsque le vélo commence à pencher ou se déporter d'un coté, c'est de le laisser redescendre tranquillement, et faisant son possible pour reposer la roue avant dans l'axe de la trajectoire. Ca peut paraitre idiot comme remarque, mais le meilleur moyen de s'en coller une reste de reposer le vélo violemment avec la roue avant braquée !

Une fois compris tout cela, il ne reste qu'un truc: l'entrainement. Il n'y a pas de secret, réussir un wheeling, ce n'est pas instantané, ça se travaille, beaucoup, plus ou moins longtemps selon les personnes, mais ce n'est jamais acquis.
Mais une fois que vous arriverez à le faire avec votre vélo favori, vous vous rendrez vite compte que quasiment n'importe quel vélo peut se tenir en wheeling, que l'on peut accélérer, freiner, tourner, et ça deviendra vite un jeux pour vous.

Allez, amusez vous bien, et entrainez vous, encore et encore, et quand vous maitriserez bien le wheeling, le point d'équilibre, il sera temps de passer au manual .....

2 commentaires:

  1. j'ai pas trop compris comment

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    1. j'ai pourtant essayé de bien expliquer. Je ferai peut être un tuto vidéo un de ces jours

      tom

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