vendredi 9 juin 2023

Le VTT-AE est il un sport, et pourquoi la réponse est OUI !!

Bonjour

Aujourd'hui, j'ai décidé de m'attaquer à un sujet très polémique, le VTT-AE.
Pourquoi polémique? regardez sous n'importe quelle publication parlant de VTT-AE sur le net, vous aurez forcément dessous des gens qui vont venir dire "c'est pas du sport", "pour quand je serai vieux", "un vrai vtt c'est mieux", etc etc.
A ces gens là on dit caca
Car ils n'ont pas ce que l'on a
La cancan cancoillotte


euh, non , désolé, je m'égare, ça c'est du Thiefaine (référence de vieux, désolé), aucun rapport avec le vélo :).

Je vais essayer de vous montrer que OUI, le VTT-AE est un sport, et que même si c'est différent du VTT qu'on connait depuis  40 ans, ça reste du VTT à part entière, et surtout ça ouvre de nouveaux horizons.


Disclaimer : je roule à VTT "sec" depuis le début des années 90, j'en ai actuellement 4 dans le garage, et dans ma région, pour ma pratique, je n'ai pas l'utilité d'un VTT-AE.

Conditions de l'expérience : 3 sorties de 1/2 journée en Alsace/lorraine/Allemagne, une sur des pistes de descente (29 km, 1150 de D+), une session enduro (39km, 1360 de D+) et une randonnée (38km, 1240 de D+)
Si vous voulez voir ce que ça donne en vidéo, ça se passe ici


Pourquoi avoir pris un VTT-AE?

C'est vrai ça, j'ai un AM100S , alors pourquoi avoir pris un VTT-AE. 

C'est très simple. Quand j'ai commencé à planifier mon freeride trip pour découvrir le terrain de jeu de mes amis alsaciens, le plan initial était de prendre mon VTT avec moi.
Puis j'ai regardé les billets de train, et j'ai vite constaté que prendre le train avec un gros VTT pour traverser la France, c'est un peu comme la quête du Graal de Indiana Jones, mais en pire. Les trains acceptant les vélos étant plus rares que les cheveux d'Homer Simpson, je me suis orienté vers la location.
j'aurais pu mettre le vélo dans un sac, mais
1) il faut le démonter entièrement, et
2) traverser la France avec 2 gros sacs dont 1 de 20 kg ne m'amuse plus (je l'ai fait étant jeune, mais avec l'age, on prend goût au confort :)).
Et là, le drame, mes collègues riders me rappellent que "au fait, on est passé au VAE tous les 2, et ça grimpe un peu plus qu'à Nantes chez nous", et de me donner le programme prévu.
Ok, donc changement de plan, et comme les Décathlon locaux ne font pas de location courte durée comme à Atlantis, j'ai loué un Mondraker Crafty R (je vous laisse regarder, c'est de la balle*) pour 4 jours dans un magasin du coin (je recommande : KF Bike shop)



Présentation (très) rapide du vélo

Je vous présente quand même rapidement la bête, histoire qu'on sache de quoi on parle.

Mondraker Crafty R en taille M, amortisseur Fox float-X, fourche fox 38, transmission avec pédalier RaceFace, dérailleur sram GX, freins sram G2, jantes Mavic E-Deemax (!!!!), moteur Bosch Performance Line CX Cruise et batterie de 750Wh.
On est bien en présence d'un vrai VTT d'enduro, certes de 25kg, mais qui devrait permettre d'envoyer du gros !!
Il y a 5 mode, moteur coupé (mouahahaha, c'est cela oui), eco, tour+, E-mtb et turbo.
on a utilisé quasi que eco et tour+


En descente

Profil de la sortie "descente"

 

Nous sommes à Sasbachwalden en forêt noire, et là bas, avant de descendre, il faut monter pour aller au départ. On commence donc par 7km de montée continue avec 350m de D+, avec des pointes à + de 20% . Dès les premiers kilomètres, je me félicite d'avoir loué ce vélo. Nous avons mis 35mn pour arriver au départ. Et nous sommes assez frais pour attaquer la descente. La même avec mon AM100S, je préfère ne pas y penser. on a tout monté en mode tour+
Bref, on boit un peu d'eau, et c'est reparti pour descendre.
La descente fait 6km, et on va mettre 32 mn à descendre. Le terrain est typique de la région,il fait 6 degrés avec du brouillard, il y a plein de racines, des cailloux, des rochers, des dévers .
Il y a clairement un petit temps d'adaptation au vélo au départ, notamment au freinage et en virage. Avec 25kg sur la balance, le vélo a quand même tendance à élargir en virage, et il faut anticiper les freinages.
MAIS, on a en échange une stabilité impressionnante sur les racines, passages en caillasses et les sauts. Du fait de la masse, j'ai vraiment eu l'impression de moins subir le terrain, et d'avoir un vélo plus stable en l'air.
Pour les relances, je conseille de rester en mode eco, au début j'étais resté en tour+, mais j'ai trouvé ça un peu violent par moment . Genre, quand en sortie d'épingle on doit remettre un coup de pédale sur les racines mouillées, eco c'est bien :).
Dans le sinueux, le vélo reste assez maniable malgré l'empattement, il faudra juste se méfier du poids. Mais après, quand je vois les vidéos de Danny McAskill ou Chris Akrigg en VTT-AE, je me dis que c'est assez maniable pour s'amuser.
Après avoir tout descendu d'une traite, nous sommes remontés pour ne faire que la section intermédiaire, on a donc enchainé dans l'après midi 1 montée de 7 km, une montée de 4km et 330m de D+, 3 montées de 2km avec 90m de D+, et bien sur les descentes sur des terrains assez exigeants physiquement entre chaque montée.
Très honnêtement, j'aurais surement pu le faire avec mon AM100S, mais j'aurais monté certaines sections à pieds (coucou les portions à +15%), on n'aurait pas pu faire tout ça en 2h40, et surtout, je n'aurais pas été très frais pour descendre dans de bonnes conditions et me faire plaisir sur les descentes.
 Pour cet usage, je valide l'usage du gros VTT-AE :)


En enduro

profil de la sortie "enduro"

 

Le surlendemain, j'ai retrouvé mes camarades de jeu pour une sortie plus typée enduro. Ils avaient prévu une boucle d'une quarantaine de km autour du mont Saint Odile. Enfin, quand je dis "autour", c'est en partant d'en bas, et une fois en haut de redescendre et remonter par différents versant de la montagne.
Départ de Ottrott, et comme l'avant veille, on attaque par 7km avec 562m de D+ histoire de se chauffer. C'est là que j'ai découvert un truc génial. Avec ce vtt-ae, LA MONTEE DEVIENT LUDIQUE !!.
Quand je fais des "grosses" montées dans mes randonnées VTT (après, je vais pas vous mentir, je n'ai jamais fait de montée de 7 km sans arrêt dans la région nantaise), je suis sur le dernier ou avant dernier pignon, concentré sur l'endroit où je pose mes roues, à essayer d'éviter au mieux les marches et autres cailloux et racines. Il arrive aussi de finir à pieds, parce que quand je pose pieds à terre pour une raison X ou Y, il peut être très compliqué de repartir. En général, j'arrive en haut essouflé, et il me faut une bonne pause avant de repartir, surtout sur la descente va être technique.
Là, avec cet engin, calé en mode eco (quand c'était du chemin large avec une pente "modérée") et mode tour+ le reste du temps, non seulement on pouvait discuter et admirer le paysage pendant la montée; mais en plus, quand on voyait une marche, un gros cailloux, on pouvait se permettre de l'attaquer pour tenter le franchissement. D'ailleurs, le début de la montée était par un escalier . On a monté l'escalier sur les vélos :).
Le terrain était beaucoup plus sec que la veille, mais toujours avec un bon grip. C'était aussi beaucoup plus roulant, et c'est là qu'apparait une 2e caractéristique du VTT-AE : on prend TRÈS TRÈS VITE de la vitesse dans le roulant descendant, et il faut toujours anticiper ses freinages.
Dans la journée, on a eu beaucoup de single track assez roulant, mais également des descentes (très) techniques qui m'ont permis de me rendre compte que finalement, le 29 pouces, c'est pas mal, et que les freins et la maniabilité du vélo étaient toujours très bons.
Après la première grosse descente (4.2 km, 466m de D-), on a enchainé sur une montée de 10 km (oui, 10 km de montée sans discontinuer. objectivement, je pense que j'aurai abandonné mon AM100S dans un fossé en mode "qui, moi? un vélo? non non, je suis venu à pieds":) ) avec 430m de D+.
On a pris derrière 700m de descente avec un pente moyenne de 18% . Là , clairement, il faut bien tenir le vélo et assurer ses freinages et virages sous peine d'aller le chercher dans la vallée.Loin. En bas.
Encore une fois, on s'est "mis la goutte", mais dans le bon sens du terme. On a fini les descentes avec de la bonne fatigue, mais même avec les grosses montées , on est resté assez frais pour profiter des descentes et ne pas se faire (trop) peur.On a cumulé en 39km en 3h30 avec 1400m de D+ répartis sur 21 km de montées (on a donc fait 18 km de descente :)). Cette sortie aurait été plus "simple" à faire avec un vélo classique (après, j'avoue, on me dit qu'on prévoie une sortie avec une montée de 10 km d'une traite, j'aurais piscine :)) que celle de l'avant veille, mais je pense qu'on aurait mis un peu plus de temps, et la dernière descente (5 km, pente moyenne de 10% avec des pics à 20%) aurait surement été compliquée, on n'aurait peut être pas autant savouré les singletracks magiques descendant.
et surtout, on a remis ça le lendemain :)




En randonnée

Profil de la sortie "randonnée"

3e et dernier jour de VTT-AE . J'avoue qu'après les 2 premières journées, on commence à sentir un peu la fatigue. Comme les 2 jours précédent, on a attaqué par une petite montée, mais le profil de terrain change. Les 2 jours précédents, on a vraiment fait longue montée -> longue descente ->recommence. Là, on est sur de la randonnée plus classique. Mais quand même,  14 km avec 461m de D+, ça fait les jambes. Chose étonnante (non, sans blague :)), plus personne ne papote passés les 3/4 premiers km. Autant les 2 premiers jours on devisait joyeusement sur nos expériences vtt passées, le paysage, les flam's et autres sujets importants, autant là, on entendrait un pivert voler (comme celui qu'on a vu passer :)). Comme les autres jours, le VTT-AE nous permet de profiter de la montée, de tester des passages techniques qu'on n'aurait même pas tenté avec un vélo sec. Les montées sont plus longues mais (un peu) moins pentues que les autres jours, comme ça, on en profite plus longtemps. La fatigue des jours précédent se fait quand même sentir (oui, même si on roule avec des VAE:)) et on fait un peu plus de pauses. Avantage quand même du VAE, quand arrivé en haut d'un col , quelqu'un propose de "faire encore 500m avec 7% pour un joli point de vue", plutôt que de dire "oui, je vais attendre ici", et bien on y va. Et on admire le point de vue.
Les descentes étaient sur pas mal de singletrack plutot roulant, très agréable, qui aurait été parfait avec un AM100S, s'il n'y avait eu ces montées pour y arriver . Ou alors, il faut se garer en haut et tourner autour du sommet. Au 23e km, mes collègues ont tenu à me faire tester une "montée impossible", une section de chemin de 200m avec une pente moyenne à 21% !!! Le genre de chemin que j'aurai regardé avec dédain avec mon VTT classique (surtout en ayant déjà 23 km et 800m de D+ dans les jambes).
Alors oui, j'avoue, je me suis mis en mode Turbo sur le moteur. Le mode qui me semblait tellement surpuissant les 2/3 fois où je l'avais testé auparavant est d'un seul coup apparu juste comme il faut. Et sur cette portion, sur le grand pignon, en mode turbo, je suis arrivé en haut, mais avec difficulté !!
Et oui, en discutant l'après midi, un gars nous a dit l'avoir monté en vélo sec la veille, donc oui, c'est possible. Mais pas par tout le monde :).
On a fini ce 3e jour bien entamé quand même, mais on a pu se faire plaisir jusqu'au bout de la dernière descente.

 

Ce que j'en ai pensé

Du coup, après avoir testé ce type de VTT dans 3 disciplines,que dire.
Que dans le conditions d'essai, j'ai adoré? oui
Que je me serais sans doute nettement moins fait plaisir avec mon VTT? oui également
En fait, ça m'a permis de redécouvrir certaines facettes du vtt que j'avais oublié, de voir qu'on peut se faire plaisir sur des longues montées, sans être cramé pour la descente. Ce vélo m'a aussi permis d'enchainer 3 jours de ride assez intense, et d'être encore relativement frais le dernier jour.
Je vous rassure, c'est bien du sport, on arrivait en haut des montées (et en bas des descentes) en ayant bien transpiré, par moment, on a poussé les vélos, mais le moment où on se dit "bon, là, on pousse" était retardé par rapport au moment où j'aurais poussé avec le mien.
Donc est ce que c'est du sport, pour moi, la réponse est à 100% oui, mais c'est un peu différent de ce qu'on connait à VTTclassique. Les montées et les descentes deviennent ludiques, il faut être plus vigilant en descente, parce qu'on va moins facilement corriger une trajectoire. Il y a aussi des obstacles que j'aurais passé sans soucis en bunny up avec mon vélo, que là on a du contourner, parce que tirer un bunny avec ces vélos, il faut y aller .
Il faut bien sur relativiser mon avis avec votre pratique et votre terrain de jeu. Clairement, à Nantes, je n'en ai pas besoin, il y a assez peu de dénivelé, et je fais aussi des sorties moins longues en général. Par contre, si j'habitais en moyenne montagne, la question se poserait sérieusement.

Très franchement, si vous le pouvez, allez en essayer un, pour vous faire votre idée, mais ce type de vélo ouvre de nouveaux horizons et des possibilités qu'on n'avait pas avant (exemple, accédez à des spots de descente sans remontés mécaniques, et pouvoir faire plusieurs tours dans l'après midi). Ca permet aussi de rallonger sereinement les sorties, vu qu'on va moins se cramer en montée, on garde des forces pour profiter des descentes.
Si je retourne en Alsace l'an prochain, le vélo est déjà réservé .






* j'ai le droit de dire que c'est de la balle, on n'a rien de comparable dans la gamme Rockrider pour l'instant :)
ps : et il faut essayer au moins une fois le mode turbo en montée, juste pour rire :)

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