Bonjour
Petit article un peu particulier. Je ne vais pas parler de vélo, ni d'équipement.
En fait, je vais parler de test de vélo, mais sans en avoir essayé.
Et si, c'est possible.
Banc de test pour les cadres de vélo |
La semaine dernière, en tant qu'ambassadeur Rockrider, j'ai été invité à Lille pour 3 jours. Au programme, réunions, formation, sorties vtt, et visite du Btwin Village. Avec la visite du centre de test des vélos (entre autre).
Quand vous achetez un vélo, avant même que quelqu'un ne monte dessus, il subit des tests.
Il y a bien sûr des normes élaborées par l'ensemble des constructeurs, et ensuite, pour passer ces normes, il y a des tests.
Il est évidement qu'il est impossible de faire faire pour chaque cadre plusieurs centaines de milliers de kilomètres en conditions de contraintes fortes par un cycliste. Du coup, on utilise des machines.
J'ai pu en découvrir quelques unes.
La première est une machine qui simule des cycles de pédalage. La norme est de 100000 cycles. La machine du labo va en faire 150000, afin d'être sûr de ne pas être juste à la limite !!. Pendant presque 24h, la machine va simuler 150000 coup de pédale avec une force équivalente à 120 kg (pour un VTT), sur un cadre dont l'avant est bloqué dans une fausse fourche. Cela veut dire que le cadre va se déformer (visuellement, c'est hyper impressionnant) 150000 fois !!!.
En fonction des tests, la fréquence de répétition des efforts va être modifiée, le test va durer entre plus de 20 heures jusque plusieurs jours. On est donc capable de reproduire la vie entière d'un cadre de vélo dans cette intervalle
Une fois le test fini, le cadre va être contrôlé pour voir si aucune fissure ou déformation anormale n'est apparue. On utilise ensuite un vernis spécial qui va permettre d'accentuer l'effet
visuel d'une fissure en la faisant apparaître de manière plus nette afin de mieux la repérer.
Note: un cadre qui se déforme, c'est normal. Il vaut mieux une pièce qui se déforme un peu et reprend sa forme d'origine ensuite, qu'une pièce hyper rigide qui pète si mise en contrainte :).
attention, ça va taper. |
La deuxième machine teste la résistance d'un cadre sur un choc. Normalement, sur un vélo, les chocs sont amortis par (dans l'ordre) le pneu, la roue, la fourche, avant d'arriver au jeu de direction.
là, on va fixer des masses au niveau du boitier de pédalier (50 kg) ,de la tige de selle (30kg) et du jeu de direction (10kg) , la fourche du vélo est remplacée par un système rigide qui ne se déforme pas ni n’amortit rien. La machine soulève l'avant du vélo, le lâche sur un genre d'enclume.
Ceci a pour but de simuler sur le cadre un choc plus gros que ce que le vélo est censé subir en usage.
Suivant le test, on vérifie que le cadre (ou la fourche) n'a pas de déformation trop importante ni de fissure.
Ici, on tord des fourches |
Une autre machine va tester la résistance des fourches aux différents efforts qu'elles peuvent subir en usage. La fourche va être immobilisée au niveau du pivot, et des efforts/torsions vont être appliqués.
Toutes les fourches vont être testées, et le point particulier est que même certaines fourches produites par d'autres marques (qui ont donc déjà été testées par les fabricants) vont également subir ces tests. "Ceinture et Bretelles" comme on dit :).
Suivant les tests, on appliquera entre 20000 et 156000 cycles, et pour certains tests, on les répètera jusqu'à la rupture (sans dépasser le million de répétition même s'il n'y a pas eu de rupture)
Comme je vous le disais, les cadres et composants de vélos sont testés ici, mais également les autres produits des marques décathlon. Nous avons ainsi pu voir une planche de skate et des casques se faire torturer.
Les machines qui testent les casques sont assez impressionnantes. Tous les casques vont être testés ici, de vélo bien sûr, mais également roller, ski, équitation, etc etc.
Test de résistance à la perforation |
Suivant l'usage prévu du casque (relisez bien ce début de phrase), les tests ne sont pas forcément les mêmes.
En clair, un casque de vélo ne subira pas les mêmes tests qu'un casque de ski ou d'équitation, mais ça sera les mêmes que pour un casque de skate/roller/trottinette .
Apparté : ça veut dire que quand votre vendeur vous dis que "non, il ne faut pas faire de ski avec un casque de vélo", ce n'est pas pour vous vendre un 2e casque, mais bien pour votre sécurité.
Par exemple, sur un casque d'équitation (photo), le casque va être fixé sur une (fausse) tête, et on va lâcher une masse avec une pointe pour simuler un choc sur un obstacle saillant (en de multiples points du casque).
Pour un vélo, on va effectuer des tests différents, comme simuler la chute sur une bordure de trottoir. Chaque type de casque va subir différents chocs, et les résultats sont ensuite analysés.
Des tests d'arrachement sont aussi réalisés. Le casque est fixé sur une tête de mannequin, un crochet est mis derrière le casque, et une masse qui tombe va tirer le casque vers l'avant, il doit rester en place et continuer de protéger le crane qui est dessous.
Il est à noter ici que TOUS les casques subissent les mêmes tests, et doivent les passer pour se retrouver en vente. Un casque à 15€ va les passer avec succès, tout comme un casque à 60€ ou plus. La différence entre ces casques se situera au niveau du confort, de l'aération, du poids, mais pas au niveau de la protection.
Les tests fait ici dépassent bien sûr la norme légale.
Dans certains cas, des nouveaux tests vont être nécessaires, et pour certains tests, les machines n'existent pas. Des nouvelles machines vont alors être développés par Décathlon pour faire des tests d'usure par exemple. Si on vous demande combien de fois on peut faire rebondir une balle de pingpong sur une table avant qu'elle ne fissure, vous allez me répondre "ça dépend". Il y a des machines en développement pour cela, qui, à l'aide de capteur, vont permettre de détecter le moment où la fissure apparait et dégrade le rebond (désolé, pas de photo :) ).
En plus des tests sur machines, des tests en usage réels sont également réalisés. La trottinette en photo est ainsi bardée de capteur, un testeur va être équipé d'un sac à dos avec un système d'acquisition de données, il va pouvoir aller tester la trottinette en conditions réelles, et le système va tout enregistrer.
De retour en labo, les données vont être analysées, afin de déterminer s'il y a des points à renforcer ou retravailler (rappel: rigide et solide, c'est bien, trop rigide, ça peut être moins solide) afin de rendre le produit "bullet proof". Par exemple, une trottinette enfant va être tester bien au delà du poids d'un enfant, car on sait tous que le grand frère, le papa, le tonton va surement tester ou utiliser la trott' de temps en temps.
Enfin, dernier chapitre, et pas des moindres, le labo qui analyse l'après. Malgré les tests, malgré les normes, il peut arriver qu'un produit ait une défaillance. Ces produits vont revenir dans une section du labo, qui va les analyser, pour comprendre pourquoi et comment ils ont lâché.
Pour cela, ils ont plein de jouets rigolos pour analyser la composition du produit, comme par exemple des microscopes à balayage électronique, des outils de découpe, des procédés de tests chimiques, afin de vérifier que l'alliage utilisé est bien celui qui était prévu, qu'il n'y a pas eu de "bug" dans la production.
Désolé, pas de photos :).
Voilà, j'ai adoré la découverte de ces labos. C'était hyper impressionnant de voir ces produits torturés et testés, et les voir "coupés en tranche" était vraiment instructif.
Un énorme merci à Antoine pour la présentation de son boulot.
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