Le Rockrider ST520, sport et confort dans la même phrase, c'est possible

Bonjour

Je vais vous parler aujourd'hui du Rockrider ST520 (anciennement Btwin RR520), un vtt "entrée de gamme" sportive chez Décathlon. Ce vélo est classé dans la gamme "vtt randonnée".

J'en vois qui rigolent dans le fond, et se disent "il est idiot, il peut prendre n'importe quel vélo dans la gamme, un XC900 ou un AM100S, et il choisit de tester un ST520".

Justement !! Je m'étais bien amusé avec le ST100 il y a quelques mois, et ça faisait longtemps que je voulais tester ce ST520. Un vtt qui est le premier vtt de la gamme équipé de freins à disques, de shifters à gâchettes et du même cadre que le ST540. Un vtt qui peut normalement aussi bien faire de la balade en famille, emmener un ado à l'école, lui permettre d'apprendre à faire des wheelings, et occasionnellement aller faire une vraie sortie vtt. Bref, il fallait que je l'essaye, c'est tout.

J'ai donc commencé ce test par une balade en famille le long de la Loire un dimanche après midi, donc sur un terrain globalement plat, avec un revêtement en stabilisé ou en pavés, avec peu de dénivelé. J'ai ensuite été faire une sortie vtt en mode "randonnée un peu technique mais pas extrême" avec ce vélo, sur des spots que je connais bien et qui permettent de trouver sur la même sortie du sentier roulant, un peu de singletrack, des rochers, des descentes (et donc des montées) avec peu de liaisons en bitume, et surtout peu de monde un mardi matin.

Equipement

Quelques minutes suffisent pour passer
de l'une à l'autre position

Ce ST520 partage son cadre avec le ST540 (et ressemble beaucoup en terme de géométrie au RR560). Là où le RR560 a un cadre double butted, les ST520/540 ont un cadre classique. Mais la géométrie reste très similaire. Le cadre est de type CGF (Confort Géométrie Frame), il est étudié pour permettre un usage sportif tout en restant confortable en randonnée. Pour cela, il est aidé par une selle de type "ergofit", une tige de selle spécifique qui absorbe mieux les vibrations, et une potence spécifique qui permet d'avoir le choix entre plusieurs positions de cintre, permettant de varier la hauteur sur une plage de 3 cm.

La transmission est confié à un équipement SRAM (mix de X-4/X-3) pour l'arrière et Shimano Altus (ou microshift) pour l'avant. Les commandes de vitesses sont à gâchettes, et on a un total de 24 vitesses (sur le papier , sachant qu'on ne doit pas croiser, cela fait +/- 14 vitesses utilisables, c'est déjà pas mal ).
Le freinage est assuré par des étriers mécaniques Hayes (on y reviendra), l'amortissement par une fourche Suntour de 80mm de débattement, et les pneus d'origine sont des pneus plutôt roulant, pour terrain sec.

Hop, en selle (et Gretel. #désolé).


En mode Balade

Le 1er test a été de faire une balade en famille le long de la Loire avec, pour voir si le vélo est suffisamment confortable pour cela. Le tracé des bords de Loire est constitué essentiellement de stabilisé, et un peu de pavés. Un revêtement que l'on peut qualifier de roulant (bon ok, très roulant, ça passe en Triban 100 :) ).

La selle ergofit, bien confortable en balade

Il est à noter que pour la 1ère fois depuis des années, sûrement perturbé par la mission consistant à charger 3 vélos adultes sur un porte vélo, j'avais oublié mes gant. Autant spoiler tout de suite, je n'ai pas eu mal aux mains (et je ne suis pas tombé non plus :) ).
Niveau confort en balade, je n'ai franchement rien à dire. Je mesure 1m72, j'avais donc pris un M . Etant à la limite du changement de taille, si mon test n'avait été prévu QUE en mode balade tranquille, j'aurais surement pris le L, mais comme j'avais prévu une sortie vtt avec, et que j'aime bien les vélos joueurs, j'ai pris le M. Fin de la parenthèse.

J'ai choisi de ne pas remonter le guidon, en le laissant "au plus bas". Même avec ce choix, je n'ai pas eu l'impression d'être couché sur le vélo ou exagérement en appui sur les poignets.

La selle ergofit est effectivement confortable, je l'avais bien réglée avant de partir, et aucun soucis, elle est "moelleuse et ferme" à la fois. Suffisamment souple pour le confort, mais pas trop large ni trop souple pour ne pas gêner le pédalage. Sur ce type de terrain, la fourche est évidemment bonne, je l'ai durcie un peu pour ne pas trop pomper, mais sur les portions pavés et les petites marches trouvées sur le coté du chemin (oui, désolé, même en balade, si je vois une marchouille, je saute :) ), elle était très bien.
Comme je m'y attendais, les pneus sont très roulant sur ce revêtement, ils accrochent bien sur ce terrain sec. En voyant les sculptures, je me dis que dans la boue, ça sera surement une autre histoire. Mais là, il faut sec, le terrain est roulant, ils sont parfaitement adaptés. 

Quand il est bien réglé, le levier offre un bon feeling

Toujours dans cette usage balade, les freins sont très bien une fois rodés. Le feeling au levier est correct, je les avais réglé au mieux en partant, et j'avais un feeling bien ferme au levier, et l'efficacité était honorable. La puissance n'est pas monstrueuse (descendu de mon XC500, ça surprend un peu au début), mais le freinage est très dosable et progressif .
Je n'ai pas beaucoup joué avec les changements de vitesses sur cette partie du test (terrain plat, roulant, accompagnés d'enfant, mode balade tranquille :) ) , mais aucun saut de chaine, de pignon, de déraillement.
Bref, pour la promenade, il est très très bien. Avec la possibilité de jouer sur les marches ou obstacles le long du chemin .

En mode VTT

2 jours après la balade en famille, j'ai profité d'une matinée de libre pour aller faire un tour dans des chemins que je connais bien. Pour les locaux, ce sont les bords de l'Erdre et l'île Versaille à Nantes. Dès le début du chemin, je prends une petite montée qui donne sur un peu de single track. Je passe sur le petit plateau et monte 4 pignons d'un coup, ça passe nickel (j'ai quand même relâché l'effort sur les pédales le temps de les passer).

Le combo Shifter X-4 / dérailleur X-3 fait le job

Le terrain est sec, le grip du pneu arrière est très bien. Arrivé sur le plat en haut, je repasse le moyen plateau. Il ne faut pas hésiter à bien accompagner le mouvement du dérailleur avant avec la gâchette, en prenant son temps avant de la relâcher. En faisant comme cela, le plateau passe sans aucun soucis.
Je hausse un peu le rythme, je descends les pignons un par un, la transmission répond très bien. 

Certes, elle est moins rapide que celle du 560 par exemple, mais est ce vraiment un facteur décisif pour l'achat d'un ST520? On est bien sur le "un click / une vitesse" , ça passe nickel, ça ne saute pas.
Je suis toujours dans le petit single, quelques racines et bosses. 

Les 80mm sont là et font bien leur boulot

La fourche est confortable, elle fait le boulot, mais il vaut mieux alléger un peu l'avant en passant, ça tabasse moins. La fourche est une fourche à ressort, elle est réglable en précontrainte suivant votre usage. Plus souple pour le confort, plus dur pour les sauts ou pour privilégier le rendement.

Progressif et dosable, mais mériterait des plaquettes plus tendres

Je fais un gros freinage à l'entrée d'une descente, l'arrière freine bien, par contre, là où je m'attendais à bloquer l'avant, j'ai plus eu un ralentissement. Un gros ralentissement, suffisant pour la descente et passer le virage sans problème, mais pas un freinage vraiment incisif (encore une fois, ma référence est mon XC500 où 2 doigts suffisent à faire un soleil). Je verrais plus tard qu'en tirant fort sur le levier, il y a largement moyen de délester la roue arrière (voir la vidéo ).
Je note pour plus tard d'anticiper un peu plus mes freinages :).
En descente technique et en single, je retrouve les propriétés de cette géométrie de cadre que j'avais bien aimé sur le 560. Il est confortable, et quand on attaque un peu, il est super maniable et joueur. Petit bémol sur les pédales d'origine en plastique, le grip n'est pas démentiel, mais ça tient pour l'instant.
Je retrouve le chemin roulant, et suite à une question d'un internaute (est ce qu'on peut faire des wheelings avec le ST520 ? :) ), je teste. Et là, le frein arrière que je trouvais correct, mais pas hyper incisif devient plutôt très bien. Il permet de doser sans problème le freinage pour ne pas se retourner, sans forcément faire retomber l'avant violemment. Donc parfait pour apprendre ce genre de cabriole (en reposant gentiment, vos roulements de directions et votre fourche vous remercieront). 

Bon, faire des wheelings, ça ne sert pas à grand chose, mais pouvoir délester l'avant sans effort pour passer un obstacle ou descendre une marche, c'est déjà plus utile. Et là, la géométrie du cadre  (rappel, j'ai pris un M) est parfaite. En se reculant sur le vélo (bras tendus, jambes tendues, on déplace son centre de gravité vers l'arrière), hop, l'avant déleste, et permet de passer des petits obstacles en douceur, et de descendre des marches en posant la roue arrière puis la roue avant (ce qui évitera un soleil aussi inesthétique que douloureux). Donc parfait pour apprendre les techniques de bases du vtt. Je reteste le frein avant, en freinant plus sec, il est largement possible de bloquer l'avant et/ou délester l'arrière, et il reste progressif. 

J'en profite pour tester sur une plan assez incliné le long d'un escalier, le frein avant permet de très bien contrôler sa descente avec 2 doigts (bon feeling au levier), et si l'arrière vient à décoller, de bien gérer l'amorce de roue avant. Ce n'est pas ultra puissant, mais pour un vtt destiné à découvrir la discipline et se lancer dans ses premières sections techniques, un frein façon "crochet d'appontage" n'est peut être pas nécessaire . Il existe par contre des plaquettes organiques pour ces freins, qui doivent offrir un peu plus de mordant, ça serait à tester éventuellement.

Facile avec les 27.5

Je continue mon chemin, et j'arrive sur un spot que j'aime bien à Nantes, avec pas mal de petits et moyens rochers (il y a aussi des très gros rochers, mais vu que je ne m'appelle pas Danny Mc Askill, je vais les laisser tranquille :) ), des petites marches, bref, le terrain parfait pour tester la maniabilité d'un vélo à basse vitesse.
Triple plateau oblige, je commence par vérifier sur toutes les marches que la garde au sol est suffisante en montée et en descente. Ça me permet d'éliminer quelques marches, mais la garde au sol est correcte, on peut facilement monter une marche de 25 cm sans trop de risque, et avec un peu de technique, les 30/35cm sont envisageables. En descente de marche, on a un peu plus de marge, mais il est plus agréable et confortable de descendre en allégeant l'avant (en faisant un petit manual) pour poser d'abord la roue arrière. Les roues de 27.5 apportent une petite aide en franchissement, et si vous deviez par exemple traverser un petit cours d'eau en roulant sur des petits rochers, ça aide pas mal. la géométrie du cadre fait que debout sur les pédales, on tient bien le vélo, on le place bien où on veut, et ça passe en théorie sans tomber dans l'eau. Le grand guidon permet d'assurer sa trajectoire, et si on a pris la peine de faire une petite reconnaissance à pieds pour évaluer le terrain et voir quelle trajectoire prendre, il y a moyen de bien s'amuser.

RockRider : pour jouer dans les rochers :)

J'ai joué un petit bout de temps à monter et descendre des rochers et cailloux dans tous les sens, la limite venant des pneus qui sont plutôt prévus pour un terrain sec et roulant, et donc il faudra particulièrement se méfier sur les revêtements humides (dixit le gars qui a failli finir dans la rivière sur un freinage de l'avant limite:)).
En reparlant de freins, dans les évolutions à basse vitesse dans les zones techniques comme celle-ci, ils sont très bien. Le mordant est bon, on peut facilement doser, bloquer l'avant, faire pivoter le vélo sur sa roue avant, le replacer. Bref, tout ce qui caractérise des petites évolutions "à tendance trialisante". La fourche est également bonne dans ce type d'évolution, les 80mm sont bien présents, et seront bien utile pour amortir les descentes de marches et autres sauts.
Je suis rentré en longeant la rivière, sur du chemin roulant, avec le sourire, en ayant passé une bonne matinée à m'amuser avec ce ST520.

Bilan

c'est marqué dessus, confortable et sportif

Nous sommes bien sur un VTT prévu pour un pratiquant qui découvre la discipline, mais ne souhaite pas se limiter à de la randonnée tranquille. Sa selle confortable et les multiples positions possibles du guidon permettront de faire aussi bien une balade familiale sur un vélo confortable, tandis que sa géométrie et son équipement permettront de se lancer dans des vrais sorties vtt pour progresser et améliorer sa technique, avant peut d'être d'évoluer vers une pratique plus sportive. Je craignais un peu les limites de la transmission , mais les vitesses passent bien. Il faut certes accompagner un peu le changement de vitesse pour bien verrouiller les vitesses, mais je n'ai eu aucun saut de chaîne ou déraillement pendant mon test. Il m'est arrivé plusieurs fois de monter 3 ou 4 vitesses d'un coup en arrivant en bas d'une montée, si on relâche un peu l'effort sur les pédales le temps que le dérailleur positionne la chaîne, ça passe nickel.

J'ai moins aimé

- Le frein avant mériterait un poil plus de mordant
- Les pneus, très bien pour de la balade tranquille, devront être changés pour une vrai utilisation TT et/ou pour les terrains gras/humides


J'ai bien aimé

- j'ai retrouvé avec plaisir une géométrie de cadre qui peut offrir du confort en balade ET permettre de s'amuser en étant très maniable
- le frein arrière est largement suffisant, progressif et facilement dosable
- un premier vtt avec une transmission à gachettes, qui permettra de bien progresser, et de passer les vitesses "dans le feu de l'action"